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Bigorexie : quand la passion du sport tourne à l’addiction

Tu ne le savais peut-être pas mais la bigorexie désigne l’addiction au sport. Elle est reconnue comme maladie par l’OMS depuis 2011. De plus en plus considérée, cette condition ne touche pas que les sportifs de haut niveau et peut avoir des effets néfastes sur le corps et la santé : vie sociale réduite, troubles alimentaires, dépression et on en passe. Alors comment savoir si tu es accro ? Car oui, la frontière entre runner addict et bigorexie est parfois très fine, mais pas d’inquiétude ! On t’explique tout.
Écrit par Mathilde.
5 min de lecture Mis à jour le 01.12.2023

Ça veut dire quoi, bigorexie ?

Peu connue, la bigorexie est définie comme la maladie de l’addiction au sport. Elle se traduit par “un gros appétit” de l’anglais big et du grec orexia. Attention, il ne s’agit pas simplement d’aimer faire du sport, voire en faire beaucoup, mais plutôt d’un rapport de dépendance néfaste avec son/ses sport/s, comme toutes formes d’addiction (alcool, tabac, drogue etc). La seule différence, c’est que la bigorexie est une dépendance sans prise de substance. Dans les années 1976 elle était définie comme une addiction positive. Bah oui, le sport c’est bon pour la santé donc pourquoi ne pas en profiter ?! Mais détrompe-toi, la bigorexie n’est pas à prendre à la légère, elle peut même entraîner de lourdes conséquences :
  • Altérations des capacités physiques
  • Destructions des liens familiaux et sociaux
  • Comportements obsessionnels et troubles compulsifs alimentaires
  • Isolement
  • Dépression
Heureusement, comme toute maladie, la bigorexie se traite et se soigne. Il faut alors réapprendre à donner une place saine et sereine au sport dans sa vie, pour ne plus qu’il la dicte.

La frontière entre runner addict et runner bigorexique est fine

Tu as déjà dû entendre autour de toi une personne ou un ami te dire “Ah mais moi je suis complètement addict au running”. On te rassure, ce n’est pas pour autant qu’il faut l’emmener consulter un spécialiste. Aimer courir et aimer la sensation que ce sport procure ne fait pas de toi un bigorexique. Ton volume d’entraînement non plus. Tu peux très bien t’entraîner 10 heures par semaine et ne pas être concerné. On prête souvent aux runners bigorexiques les symptômes suivants :
  • Opinion altérée de soi-même : tendance à se voir plus gros qu’il n’est (comme lors de troubles alimentaires) et toujours convaincu de ne pas s’entraîner assez.
  • Le sport au centre de tout : Son mode de vie tourne à 1000% autour du sport (investissement excessif dans du matériel sportif, réduction du temps consacré au reste …) et ne pas pouvoir respecter son plan d’entraînement lui est presque insupportable.
  • Vie sociale et familiale sacrifiée : tendance à se couper de tout et ne pas écouter les conseils de ses amis/famille, jugés “pas assez sportifs” ou “pas assez compréhensifs”.
  • Perte de plaisir à l’entraînement : passé en mode “robot”, ça fait bien longtemps que le plaisir n’est plus présent.
  • Frustration, angoisses, anxiétés, insomnie : en cas d’arrêt forcé (vacances ou blessure), c’est la descente aux enfers.
  • Des répercussions physiques pas jolies jolie : abstraction totale des alertes et des douleurs physiques. Œillères sur la tête, le bigorexique fonce tête baissée et n’écoute plus son corps. Une tendinite ? Une fracture de fatigue ? Non non. Les conséquences : Ostéoporose (détérioration du tissu osseux), palpitations, vertiges, anémie et tutti quanti. Chez la femme cela peut également entraîner de l’aménorrhée (absence de règles).

Suis-je bigorexique ?

Tu te demandes sûrement, toi le runner addict, si tu n’es pas sur la pente glissante de la bigorexie. Voici un test pour toi : as-tu les 5C sur au moins 1 an ?
  • Perte de Contrôle : tu te sens coupable de ne pas te dépenser
  • Usage Continu et Chronique : ça fait au moins un an que tu es à fonnnnnd sans jamais t’arrêter
  • Usage Compulsif : impossible pour toi de louper une séance ou d’avoir un jour OFF
  • Craving : envie irrépressible de faire du sport
Si en plus de cela tu as un grand nombre des symptômes cités plus tôt, alors il est grand temps de revoir ta manière d’aborder les choses ! Un autre indice : si tu reçois souvent des remarques de ton entourage, tes amis, ta famille... Prends le temps de les écouter. Sois d’autant plus vigilent car le running fait parti du top uno des sports addictifs. Pourquoi ? Car la bigorexie raffole les sports d’intensité, de régularité et de répétition.

Comment on en arrive là ?

La bigorexie n’arrive pas comme un cheveu sur la soupe. Il existe plusieurs causes, mais de manière générale, cette maladie est multifactorielle. Une chose en entraînant une autre, des facteurs de vulnérabilité et hop on glisse dans l’engrenage.

Contexte psychologique

On constate souvent que les runners bigorexiques présentent des facteurs de vulnérabilité causés par :
  • Un traumatisme personnel ou professionnel : rupture, dépression, harcèlement
  • Un complexe d’Adonis et une mauvaise estime de soi : recherche de la perfection, culte de la performance, accentué par les réseaux sociaux et les diktats de la mode
  • La recherche de la sensation de bien-être : on goutte une fois à l’effet endorphine et on devient accro
  • Hyperactivité, stress
  • Compensation, échappatoire, vide affectif

Science explained

Derrière un contexte psychologique parfois fragile se cache également un mécanisme physiologique assez complexe. En effet, lors d’une activité physique, et encore plus en course à pied, le corps va secréter des hormones de type Endorphines et Dopamines. La team endorphines: Il s’agit d’un groupe de neurotransmetteurs dont la structure est très proche de la morphine (rien que ça). C’est grâce à elles que tu kiffes tant courir tout en ressentant du plaisir voire de l’euphorie. Et en plus, elles ont un effet anti-fatigue ! Que demande le peuple ? La team Dopamines : pendant et après l’effort, ce sont elles qui vont activer tes circuits de récompense au niveau cérébral. On se sent moins fatigué, plus vif et tonique (sécrétées également lors de la consommation d’alcool ou durant un rapport sexuel). À elle deux, elles sont responsables de l’effet addictif du running. Petites mais puissantes. C’est la quête perpétuelle du coureur bigorexique : retrouver constamment cet état de bien-être et en devenir complètement accro.

Se sortir de la maladie

Malheureusement, il n’existe pas de petit doliprane contre la bigorexie. La prise en charge nécessite de traiter la racine du problème et donc de se pencher sur une thérapie plutôt orientée psychologie. Dirige-toi vers un professionnel de la santé (psychiatre addictologue, thérapeute spécialisé en thérapies cognitives et comportementales). Ce qui est certain, c’est que l’activité physique reste positive pour la santé physique et mentale. L’arrêt total n’est donc absolument pas une solution. Il faut à tout prix retrouver du plaisir à pratiquer ton sport sans culpabilisation ni obsession. Le Mindset à retenir : entraîne-toi sérieusement sans te prendre au sérieux ! Cours, nage, roule en te faisant plaisir, te prends pas trop la tête, écoute ton corps et tout ira bien. 🙂
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