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”J'ai vraiment souffert sur la fin du marathon, mais c'est un super souvenir !”
Ok Vincent, présentes toi en mode Wikipédia.
Vincent Luis est né le 27 juin 1989 à Vesoul en Haute-Saône (36 ans). Père : José Luis, mère Colette Luis. Vincent Luis pratique
le triathlon depuis ses 15 ans, double champion du monde, médaillé bronze en relais mixte à Tokyo, il fait ses débuts sur longue distance en 2025.
Né dans une famille de sportifs, c’est tout naturellement qu’il se tourne vers cet univers pour faire carrière (et bien s’éclater dans cette vie !). Il est aussi passionné de café, de voitures anciennes, il rêve secrètement de vivre dans les années 80. Bon, il s’est contenté de naître à cette période. C’est déjà ça.
Parle-nous de ton premier dossard.
Ahhh. Mon premier dossard, ça été
le triathlon de Vesoul. La maison ! Là où je suis né, où mes parents ont toujours vécu. J’avais 11 ans (oui, ça date). J’ai terminé 4ème après avoir mené sur 80% de la course… avant de me faire dépasser par trois autres mecs. Qui sont maintenant mes potes. No hard fellings.
On est pas des fashions, mais on est des grands curieux. Tu peux nous décrire un peu ta tenue pour la course ? 👀
Bon, c’était vraiment les tous débuts. J’étais plutôt nageur, moi, à la base. J’avais donc bien évidemment toujours un SLIP de bain - slip slip, le plus petit qu’on pouvait trouver, et ma mère m’avait passé une brassière de course à pieds. En mode crop top quoi. Il faut se rappeler que ça se passe il y a 25 ans, c’était les débuts, l’époque où le fluo était tendance, ok ?
Et ton dernier dossard ?
”C’est une course que mon père à fait. J’ai toujours voulu la faire moi-même. 20 ans plus tard, nous y voilà, avec mon père pour me regarder au départ !”
C’était il y a 6 - 8 semaines je dirais ?
Le Challenge Roth, premier longue distance de ma carrière. 3,8 km de natation, 180 km de vélo et un marathon - premier
marathon, d’ailleurs ! C’est une course que mon père à fait. J’ai toujours voulu la faire moi-même. 20 ans plus tard, nous y voilà, avec mon père pour me regarder au départ ! J’ai terminé 4e de la course. J’ai vraiment souffert sur le marathon mais avoir mes parents pour m’accompagner et me soutenir, c’est exceptionnel. J’ai adoré cette compétition.
Pour ton prochain dossard, on doit s’attendre à quoi ?
Pour le prochain dossard, direction Oropesa sur la côte espagnole pour un T100 :
- 2 km de natation
- 80 km de vélo
- 18 km de course à pied
C’est mon grand retour après une blessure, on va voir comment ça se passe mais une chose est sûre : j’ai très hâte de reprendre le départ et j’ai qu’une envie, c’est d’en découdre haha.
”Ça fait du bien d’être de retour sur la ligne de départ après 10 semaines d’arrêt.”
On a fait dans le concret, maintenant, dream big. Quel serait ton dossard rêvé ?
C’est une bonne question. Pour le côté mythique, j’irais voir du côté des Majors pour un marathon. Je pense que
le TCS New York Marathon serait très cool. Maintenant, avoir le numéro 1 aux championnats du monde d’IronMan dans un tiroir de chez moi un jour, ça serait quand même très très stylé.
La question à 1 million : course à pied, vélo, natation. Si tu devais n’en garder qu’un, lequel ça serait ?
Hmmm, s’il ne devait en rester qu’un… je dirais…
la course à pieds. Je trouve que c’est le plus pratique : une paire de baskets, une sortie entre deux rendez-vous, on voyage léger et on peut partir courir n’importe où n’importe quand (il m’est même arrivé de faire un footing dans un aéroport - oui oui). C’est le plus simple, c’est ultra social, on rencontre un max de monde à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Je pense qu’il me reste plein de belles courses à faire dans ma carrière.
Merci pour la transition ! Quels seraient 3 dossards que tu aimerais accrocher ?
En termes de performances, j’aimerais énormément faire :
- La mythique Barkley, que je ne ferais sûrement jamais parce que je n’ai ni les capacités physiques, ni le mental, qu’on se le dise, mais elle me fait très envie depuis des années ;
- Le TCS New York Marathon, pour poser ma semelle sur la route d’un des Marathon Majors ;
- Ironman d'Hawaï que je vais faire l’année prochaine. On croise les doigts pour que je reparte de l’ile volcanique avec une jolie breloque.
Si je te dis “coupe OU médaille” et “coupe ET médaille”, tu me dis quoi ?
La chance qu’on a en triathlon, c’est qu’on peut avoir les deux. Sur le Challenge Roth, j’ai terminé 4ème mais j’ai quand même eu une médaille. C’est le symbole de finisher, c’est important ce genre de récompense. C’est un magnifique souvenir à ramener chez soi et à garder précieusement, d’autant plus pour les amateurs. C’est une grosse motivation, mine de rien !
Maintenant, on va pas se mentir : avoir une coupe sur l’étagère, ça fait plaisir. Si on peut avoir les deux… haha.
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Chrono ou podium ?
Alors. Plutôt podium. En triathlon, le chrono est important, mais on peut gagner une course sans taper son meilleur record. Ce qui compte, c’est le classement. C’est la position sur la course qui prévaut.
Cependant, le chrono ça donne des frissons. Les courses aux records, le “sub 2* “ pour lequel tout le monde a retenu sa respiration par exemple, ce sont des accomplissements qui restent gravés dans l’histoire. Avoir son nom à côté d’un record du monde, ça en fait rêver plus d’un.
Record du monde du marathon OU gagner Hawaï ?
Si j’avais le choix entre gagner Hawaï et avoir le record du monde du marathon ? Waw. Alalah. Je choisis Hawaï. C’est une perf’ qui restera toute la vie ! Dans l’historique de la compétition, on verra toujours apparaître “Champion du monde d'Ironman Hawaï 2026 (ou 2027) : Vincent Luis”. C’est comme avoir son nom gravé dans la pierre pour l’éternité. Alors qu’un record du monde, il sera forcément battu un jour.
Name-drop ! Donne-nous : un triathlon, un marathon, une course de vélo mythiques à tes yeux.
- La course de vélo : Paris - Roubaix. Pour le côté français, je l’ai toujours regardée à la télé quand j’étais plus jeune, c’est celle qui met l’eau à la bouche avant le Tour de France. Les participants sont des guerriers, 3 fois sur 4 les conditions pour rouler sont horribles, bref, bravo à eux. Mythe dans le monde du cyclisme.
- Côté triathlon : Le Challenge Roth. J’ai TOU-JOURS voulu le faire. Avec plus de 7 000 bénévoles, 4 500 inscriptions en quelques secondes… en termes d’ambiance, c’est incomparable.
- En course à pied : le Marathon de Paris. On passe devant les monuments historiques, les coureurs sont exceptionnels. Je me souviens de Benoît Zwierzchiewski et ses derniers kilomètres incroyables, c’est un marathon pour lequel je me levais le dimanche matin pour aller encourager les participants.
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On sort un peu des cases. Si tu devais participer à une course à pied avec la personne de ton choix, ça serait qui et laquelle ?
Je pense que j’aimerais faire
le marathon de Berlin avec Eluid Kipchoge. Ambiance de fou, course roulante, avec un gars exceptionnel - sûrement la plus grande inspiration qu’on puisse trouver sur cette distance… Que demander de plus ?
À part qu’il soit sympa et qu’il mette un peu le frein pour pas me lâcher dès le début !
Même question mais version trail ...
Hmmm, peut-être la
Diagonale des Fous avec
Baptiste Chassagne ! Qu’il me fasse découvrir son univers, l’univers du trail, et qu’on en prenne plein les yeux ensemble, à la découverte de La Réunion. Alors par contre pareil, il faudra m’attendre, Baptiste !
En cyclosportive, tu dirais quoi ?
Ma compagne est très branchée vélo, je partirais avec elle. Il va falloir être patient et y aller tranquille pour ne pas déclencher d’incident diplomatique haha. On a toujours voulu aller faire les grands cols français, le Ventoux etc. C’est pas une course, mais c’est de ça dont j’ai envie !
Petit retour dans le passé. Est-ce que tu te souviens d’une course qui a marqué ton enfance ?
L’EMBRUNMAN, considéré comme l’un des triathlons les plus durs au monde. Il a lieu en France, au lac d’Embrun. Le parcours fait traverser le lac, gravir le col d'Izoard, c’est une course très difficile que mon père a faite. En tant que spectateur, je ressentais la peur dans le regard des participants sur la ligne de départ en pleine nuit. Même les pros avaient les chocottes. Quand j’ai vu l’état dans lequel mon père a fini cette course, j’ai compris à quel point c’était de la folie. 90% des gars sont pères de famille, bossent, et ils sont là pour se surpasser et se sentir exister.
Une qui a marqué ta carrière sportive ?
Potentiellement mon premier titre de champion du monde en 2019. C’était pas gagné d’avance, j’étais en bagarre avec l’un de mes meilleurs amis Mario Mola, on s’échangeait le 1er et le second rang mondial, mais j’ai réussi à remporter le titre. J’étais partagé entre célébrer et ma déception pour lui. Je m’en voulais ! Il a super bien réagi, on a pu le fêter ensemble, bien qu’on ait été adversaires pendant la course.
La course qui pourrait te marquer à l’avenir, une fois que tu auras mis les baskets au placard ?
Honnêtement, la Barkley reste dans un coin de ma tête. Pas spécialement pour le côté performance et endurance mais plutôt pour l’introspection, avoir l’occasion de passer autant de temps solo, ça fait grandir.