Après une vingtaine de treks à son actif - et donc autant de péripéties et anecdotes croustillantes, notre ambassadrice Miles Magalie Jegou te livre ses meilleurs conseils pour bien préparer ta prochaine randonnée. Du tracé de l'itinéraire à ses tips pratiques qu'elle aurait aimé avoir plus tôt, c'est l'article qu'il te faut pour partir bien armé.
Plusieurs aspects sont à prendre en compte pour définir ta destination et prévoir ton itinéraire de randonnée :
Combien de temps je veux partir ?
Quelle difficulté je vise ?
Quelle météo je suis prête à affronter ?
L’autonomie : totale ou semi-autonomie ?
Tes envies et inspirations du moment !
Pour trouver ma destination, je m’inspire des réseaux sociaux, de blogs, d’internet en général ou de récits de potes à moi.
Pour construire mon voyage, après avoir trouvé la destination, soit je prends un itinéraire tout tracé dans un guide sur lequel je n’ai plus qu’à découper des étapes, soit je m’inspire de quelqu’un qui a déjà fait cet itinéraire et je le calque : point de départ, arrivée, étapes, parfois même ravitos même si c’est plus rare. Je regarde s’il y a de l'eau sur mon tracé (des rivières, des points d'eau potable) et si je passe par des refuges et / ou des villages pour me ravitailler en nourriture.
Une fois tout ça défini, j'achète des cartes IGN (oui oui, des cartes papier) pour les emporter avec moi en voyage. Bon, parfois, c’est pas possible. Par exemple, mon prochain trek dans le Mercantour, c’est 4 cartes IGN. Ça commence à faire un peu beaucoup. Dans ces cas-là, je mise plutôt sur un TopoGuide pour tout avoir dans un petit livre.
Enfin, je reporte toutes mes étapes sur Viso rando, c'est l'application que j'utilise le plus. Comme ça, j’ai tout le détail de mon chemin sur mon téléphone.
Mes conseils en + :
Prends plusieurs jours pour tracer tes itinéraires pour revenir dessus à tête reposée plusieurs fois.
Laisse la place à quelques imprévus. C'est rare que tu suives vraiment à la lettre ton itinéraire - fatigue accumulée, intempéries, obstacles, envie de profiter d’une plage plus longtemps que prévu… Le tout, c’est d’avoir une base solide à suivre.
2- Ne néglige pas le dénivelé !
Quand tu prévois ton itinéraire, prends en compte le dénivelé. Ça fait partie du B.A.BA de ce que tu dois savoir pour te lancer sur ton premier trail. Souviens-toi que 100m de dénivelé équivalent à 1 km en plus dans les pattes. 1000m de D+ = 10 km de plus à surmonter. Pour avoir déjà fait l’erreur, crois-moi, ça change tout.
Ok ça rajoute des bornes, mais est-ce que ça n'en vaut pas carrément la peine ? Voilà.
3- Optimise ton sac de randonnée
Le but, c’est de prendre le nécessaire et de rester le plus léger possible. Même avec le meilleur matériel possible, c’est dur. Souvent, on te dit qu’il faudrait porter que 20 % de ton poids. Pour moi, ça fait 8 ou 9 kg. En partant en autonomie, c’est franchement impossible. Le maximum que je puisse porter avec mon gabarit, c’est 18 kg. Et là, ça se joue au mental et à la forme ! À Madère, j’avais 18 kg sur le dos et les trois premiers jours, j’étais quand même bien cassée. Par contre, à 15 - 16 kg je me sens bien. Comme quoi, deux ou trois kilos ça fait la diff’ !
Je commence à faire mon sac environ une semaine avant de partir. J’ai mes basiques de trek (ma tente, mon duvet) et ensuite, je jauge selon :
La météo : s'il fait chaud, tu peux éliminer les gants, le bonnet etc. S’il pleut, veste de pluie indispensable, pantalon de pluie si on peut.
Le parcours : si tu dors en refuge, pas besoin de tente et tu peux prendre un peu moins de vêtements. Si tu dors en tente, il faudra penser à des vêtements chauds pour se couvrir, un duvet, plus de nourriture et d’eau puisque tu es en autonomie. Et forcément, ta tente, quoi.
4- Le matériel indispensable pour partir en trek
Sur ma liste de matériel à emporter en randonnée de plusieurs jours, j’ai :
Ma tente et mon duvet ;
Les vêtements adéquats selon la météo et le nombre de jours de voyage ;
Deux batteries externes pour recharger mon téléphone. J’ai aussi récemment investi dans un panneau solaire que je fixe sur mon sac et qui me permet de charger des batteries à tout moment. Franchement ça me sauve pas mal !
Une lampe frontale que je n'utilise pas souvent mais indispensable tout de même. Si je veux faire un coucher ou un lever de soleil par exemple, pour lire le soir ou si je mange tard.
Un réchaud, une popote. Bien que ça soit très pratique, je ne mange pas trop de lyophilisé. J’aime bien me faire plaisir. Le soir après 20 km de marche, ça fait du bien de se faire plaisir. Attention, ça alourdit un peu le sac ! Perso, je prends des conserves, de la semoule, des pâtes, des soupes (pour me réhydrater) et je me régale.
Tout le matos qui va finir sur mon dos !
5- Les indispensables sécurité en randonnée
Partir en solo sur plusieurs jours et dormir en tente en pleine nature, ça ne s’improvise pas. Certes, tu marches. Mais tu peux quand même te faire une cheville. D’autant plus si tu pars en haute montagne, par exemple. Ou te perdre. Bref, tu as bien plus de chances que tout roule, néanmoins, prendre quelques précautions ça mange pas de pain.
Je te donne mes quelques essentiels sécurité :
Mon téléphone. J'essaie d'envoyer des messages le plus possible pour donner des nouvelles à mon entourage
En amont, je donne mon tracé à des proches pour qu’ils sachent à peu près où je suis, au cas où ! Il existe même des applications pour prévenir tes proches de ta localisation en direct
Pas de hors sentier. Il existe tellement de chemins balisés, déjà, on va explorer tout ça !
Une trousse de secours pour pouvoir se soigner ou soigner quelqu'un d’autre
Ma carte IGN ou une application pour télécharger ma carte même sans réseau
Un bon duvet et une couverture de survie. Je l'ai déjà utilisé en trek parce que mon duvet n'était pas assez chaud, ça m'a bien sauvée
Une veste de pluie vraiment étanche. Pour ne pas se retrouver trempé tout le voyage et éviter l’hypothermie
Un vrai couteau, ça peut vraiment te servir pour tout. Je le prends pour manger mais au-delà de ça, j'ai déjà eu des galères où je devais couper un tissu, une corde pour ma tente, une branche, n’importe quoi. J'ai même réparé mes bâtons de rando avec, en l’utilisant comme tournevis.
6- Ne t’encombre pas de matériel inutile
Avec l’expérience, j’ai appris à me délester de matériel clairement inutile. Mon dos en est ravi ! Quelques exemples d’objets que je n’amène plus (si ça peut te servir) :
Un livre. Alors que j'ai jamais le temps de le lire, je suis tellement épuisée. Mais bon, j'aime bien l'avoir parce que quand je ne l’ai pas, j'ai toujours du temps pour lire. Insupportable quoi haha !
Mes gros appareils photos. Maintenant, je prends tout à l'iPhone ou avec mon argentique
Une enceinte. Finalement, je n’ai pas envie de déranger les gens avec ma musique le soir. Ça peut servir si on part entre potes, quoi
Et enfin les vêtements. Je prends toujours des doublons, des “au cas où”. J’essaye de réduire au max, c’est dur !
(au moins il aura servi pour la photo)
7- Commence petit avant de viser la lune
Souvent les gens me disent "Mais comment tu fais et tout pour partir toute seule ?”. Et bien désolée, je n'ai pas de solution miracle à part : savoir doser. Avant d'attaquer le mythique GR20, le sentier de tous les records, commence par une marche sur deux ou trois jours pas trop loin de chez toi, voir même partir le soir pour passer une nuit dehors et te tester. La France regorge de coins magnifiques, profites-en ! Un trail en Bretagne, une randonnée en PACA, quelques jours de marche en Nouvelle-Aquitaine, amuse-toi. Pas obligé de partir en montagne ou à l’autre bout du monde. Tu peux même te tester sur des voyages en groupe comme un Road Trip à Brocéliande ou le KILI by Cap'Orn, si tu veux t'exporter !
8- Partir en trek seule en tant que femme
Souvent, les filles me disent "En tant que femme, est-ce que c'est pas dangereux ?". Bah en fait non, pas plus qu'un homme. Les dangers que tu vas rencontrer sont les mêmes que tu sois un homme ou une femme. Bien sûr, il faut rester prudent.e et assurer sa sécurité au global ! Mais ne te laisse pas décourager parce que “tu es une femme”. Tu as les capacités pour partir, la débrouillardise, voire parfois un peu plus de sang froid que messieurs, ce qui peut éviter des accidents “bêtes” pris sur un élan de “je suis un warrior, t’inquiètes, ça passe”. Bon, je caricature, mais l’idée est là.
Enfin, en ce qui concerne les mauvaises rencontres, personnellement, je n’en ai jamais fait. En général les personnes que je croise sont des amours. On discute de nos voyages, nos passions communes, et chacun trace sa route !
9- Le bonus : mon meilleur et mon pire voyage
Mes meilleurs souvenirs sont sur l'île de La Réunion. J'ai fait la traversée toute seule. Petit séjour en introspection ! Ça m'a fait vraiment du bien. Les bivouac étaient magnifiques.
Mon meilleur souvenir, c'est quand j'ai dormi au sommet du Piton des Neiges à 3000 m d’altitude. J’ai pu assister à un coucher de soleil incroyable avec une mer de nuage de dingue. J’ai super bien dormi - j'avais peur du vent à cette hauteur et finalement j'ai dormi comme un bébé !
Mon pire souvenir, c’est dans les Pyrénées. Je suis amoureuse de cette région mais là…
J'ai bivouaqué à 2700 m d'attitude, à côté d'un refuge. Un orage était annoncé mais il tardait à arriver donc je me suis couchée tranquillement en tente. À 23h, l’enfer commence : énormes bourrasques, une pluie torrentielle, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps ! J’avoue, j’ai un peu cru que j’allais y passer tellement la tente bougeait dans tous les sens. Pour ne rien arranger, je l’avais hyper mal fixée parce que le sol était rêche et sec donc impossible de planter les piquets ET elle fuyait (achète une tente adaptée avant de te lancer à l’aventure, conseil d’amie). J’essayais de la tenir tant bien que mal mais avec mon poids plume, laisse tomber. Mentalement, c’était un gros coup dur. Mais bon, maintenant, ça fait une bonne anecdote !